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Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

lundi 29 juin 2020

L'Ousteau de Baumanière

 

Voici venir le point d'orgue de nos vacances sudistes, un lieu mythique et chargé d'histoire. Après une, puis deux, nous passons aux trois étoiles. Jean-André Charial poursuit l’œuvre de Raymond Thuilier, son grand-père, qui achète en 1945 un mas provençal du 16ème siècle dans le Val d'Enfer, au pied de la cité des Baux de Provence. Aujourd'hui, c'est Glenn Viel qui dirige les cuisines de L'Oustau de Baumanière et qui a regagné les trois étoiles auparavant détenues de 1954 à 1990.

 


 

 

Nous sommes accueillis par une table munie d'un plateau en verre sous lequel nous découvrons des gousses d'ail, des branches de romarin et... oui, des pétales de tomate qui sèchent dans ce four solaire (presque) naturel.

Il fait beau, très chaud, mais nous sommes à l'aise à l'ombre des platanes (et des parasols).


 

 

 

Autour de nous, l'équipe de salle s'active tranquillement mais efficacement, comme pour la découpe au guéridon du gigot d'agneau de lait.

 

 

 

  

 
Truite fumée maison, poudre de coriandre
Chips de riz soufflé, œufs de truite


 

 

Trois macarons obligent, notre apéritif se fait aux bulles. Des bulles, oui, mais du Champagne, le Royal Réserve Brut Rosé de la Maison Philipponnat. Il accompagne très bien cet amuse-bouche tout en contraste de textures, moelleux du poisson et croquant du riz et des œufs.

 

 


 Autre entrée en matière mais qui nous accompagnera pendant tout le repas, les huiles d'olive fruité vert et fruité noir du Moulin Castelas. Deux huiles AOP des Baux très très bonnes à déguster sur le pain brioché maison.

 Arrivent ensuite un amuse-bouche féminin et un amuse-bouche masculin. Oui, fidèles lecteurs, cette présentation est pour le moins intrigante, voire provocante mais nous jouons le jeu.


 
Fleur de courgette compressée, miel de lavande, purée de courgette fumée

 

La version féminine : un petit bonbon provençal, superbement équilibré entre sucre du miel et fumé de la courgette. C'est très très bon !

 

 

 

 

La version masculine : salon anglais, fauteuil de cuir Chesterfield, un verre à whisky et son cube refroidisseur en métal... à ceci près qu'il ne s'agit pas de whisky !

 

 

 

 

 


 

 

  Il s'agit de L'Air Marin, millésime 2020, une boisson 100% langoustine, extrêmement bluffante, comme une langoustine liquide à déguster comme un digestif d'avant repas...

Il est servi avec une chips de langoustine, extrêmement gouteuse elle aussi. Quand la langoustine décuple la langoustine... C'est un instant de sérendipité gustative...

 Avec nos entrées, nous suivons les conseils du sommelier qui nous fait découvrir le Vin de France (Corse !) Sirocco 2017 du Domaine Vaccelli. Un millésime particulier, marqué par le vent éponyme, qui donne une cuvée particulière, assemblage des cuvées de blancs Vaccelli, Granit et Quartz. 80% Vermentinu et 20% de Carcaghjolu Biancu, Riminese, Ghjenuvese et Cudiverta. Un nez complexe, fruité et floral (cire, abricot, violette) avec encore un peu d'élevage. La bouche est vive, racée, avec une finale fraiche et désaltérante. Excellent.


 
Thon en Tataki de mon ami Damien
Mousseline d'aubergine Gascona grillée à l'huile d'olive de Castelas
Aneth, câpres frites

 

Qui dit tataki dit faible cuisson. Ici, la couche cuite ne dépasse pas les 2mm d'épaisseur. Ce thon ikejime de Corse est ultra fondant, bien relevé par une vinaigrette soja/tête de thon et les câpres. Le moelleux est encore accentué par l'aubergine grillée et fumée. C'est à la fois sauvage et très civilisé.

 

   
Anchois en marinade instantanée
Herbes du potager, févettes, pistaches
Jus de tripes grillé de têtes pressées

 

Un shot iodé et herbacé. La pâte est gentiment croustillante, les anchois acidulés et fondants. Tout ce qu'aime ma Comtesse...

 

 
Langoustines "15 ans d'âge"
Citron brûlé
Un caillou pour assaisonner


Là encore, il ne s'agit pas d'un alcool mais bien de l'âge des langoustines. Oui, les langoustines ont une espérance de vie de 20 ans. Leur âge "avancé" leur donne un gout plus prononcé. L'assemblage de la chair avec les côtes de romaine, le citron et le jus de langoustine corsé est une pure tuerie. Les galettes de sarrasin bien beurrées rendent la dégustation un peu plus ludique.




 

Un petit peu plus tôt, nous avons eu droit à un interlude sous forme de présentation. Sur une branche, un nid. Dans ce nid, deux "œufs". Dans ces "œufs"...

 
Pigeonneau des Costières
Cuit en croute de foin
Tronçons de Romaine, jus à la lavande

 

Les suprêmes sont quasi bleus et extra tendres. Les côtes de sucrine confites aux abats apportent mâche et gouts puissants. Quant au jus au miel de lavande, c'est la cerise sur le gâteau. Un très très beau plat.

 

A beau plat, beau vin.  Le sang appelle le sang. Nous faisons dans la sécurité, voire la facilité avec le Côte-Rôtie 2006 du Domaine Jamet. Excellent millésime puisque c'est celui où ma Comtesse et moi-même convolions en justes noces. Le nez est un peu évolué, légèrement animal. La bouche est ample, complexe. Des tannins présents mais purs. De la longueur en finale sur le cassis et la myrtille. Il est encore sanguin. Excellent. L'accord avec le pigeon est évidemment parfait...
Kyrielle de fromages
 

Rhubarbe en croute de sucre
Jus de pomme/concombre
 
Courgette crue et grillée, pamplemousse
Jus de Granny-smith/pamplemousse
 
La Myrtille
Poêlée au basilic, émulsion yaourt, fraicheur de citron

 

Sur une meringue fraîche, des myrtilles fraîches, en marmelade et en jus, le tout parfumé au citron et basilic. L'accord myrtille et basilic fonctionne à merveille.

Le Millefeuille
Tradition Baumanière, crème légère à la vanille de Madagascar
Florentine pistache et glace vanille

 

Le feuilletage, fait au gaufrier, est d'une légèreté aérienne. C'est tout simplement bon.


Mignardises
 
Chocolat aux mendiants
Brisé au marteau



Vous l'avez certainement noté, fidèles lecteurs, ce déjeuner ne présente aucune fausse note, que ce soit dans l'assiette ou dans le service. Et le niveau d'excellence est tel que les trois macarons ne sont pas usurpés, loin de là ! Pas de doute, la légende Baumanière est toujours vivace. Et, espérons-le, pour longtemps encore.


François

dimanche 28 juin 2020

Le Criquet à Arles

 

Première journée camarguaise que nous entamons à Arles.

Première étape incontournable : les Arènes.

 

 

La dénomination des lieux date du 19ème siècle suite à l'instauration de jeux taurins car il s'agit en réalité d'un amphithéâtre romain du 1er siècle après J-C qui pouvait à l'époque accueillir 25000 spectateurs.

 Un peu plus loin, nous allons faire quelques pas dans le théâtre antique. Cliquez et montez le son pour une immersion provençale totale !


 

Ce retour vers le passé nous a ouvert l'appétit et, sur les conseils de locaux bienveillants, nous nous attablons au Criquet, où nous allons manger local.

 

Moules à la crème d'ail

 

Ou l'alliance de la Normandie et de la Provence. Il fait certes chaud mais l'ail allège la richesse de la crème.

 
  
Salade de poulpe

 

Classique et bien exécuté.

 
 
 
Entrecôte de taureau, sauce gardiane

 

Là encore un classique, saignante- (ou bleue+) comme ma Comtesse l'aime.

 
 
 
 
Aïoli

 

Ça faisait longtemps que je n'avais pas mangé un aïoli, surtout un aïoli aussi bon que celui-ci. Des légumes croquants, un pavé de cabillaud et des coquillages parfaitement cuits et un aïoli bien gouteux. Je renonce volontiers à une soirée en tête-à-tête pour un tel plat.

 

 La chaleur ambiante nous fait renoncer à plus qu'un verre de vin (non noté). Néanmoins, nul n'est besoin de plus que la qualité des mets pour apprécier le lieu. Encore un grand merci à notre guide.

 

Nous poursuivons notre route un peu plus au sud jusqu'à Saint-Gilles, pour visiter l'Abbatiale Saint-Gilles.

 

 

Cette église, abbatiale d'un ancien monastère fondé au 7ème siècle dédié à Saint Gilles, en abrite les reliques ce qui en fait un lieu de pèlerinage sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle.

Elle est remarquable par sa façade sculptée, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, qui date du 12ème siècle. Ce chef d’œuvre de l'art roman provençal, réalisé par cinq maitres différents, présente des scènes et personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament.


 

L'église est dévastée pendant les guerres de religion. La restauration effectuée au 17ème siècle en ampute la nef. A l'arrière, les quelques vestiges laissent deviner la taille de l'ancien édifice.

 

 Demain, nous partons en balade dans les Alpilles...

 

François

samedi 27 juin 2020

L'Epicerie de Beaucaire

Après une traversée mouvementée des monts de l'Ardèche, nous passons une nuit réparatrice au Grand Chêne à Largentière.

 Le lendemain, nous commençons la journée par une visite de la Grotte Chauvet 2, une extraordinaire reconstitution qui met superbement en valeur les réalisations picturales de nos ancêtres. A ne surtout pas manquer.

Notre road-trip du jour doit nous conduire à Beaucaire, mais pas en ligne droite. Depuis Vallon-Pont-d'Arc, nous suivons la route Nord qui longe les Gorges de l'Ardèche, autrement appelées l'Autoroute des Kayacs...

 

 

Puis nous faisons une petite halte à Orange, au théâtre antique.

 


Nous arrivons enfin à Beaucaire, aux Coronilles, une superbe chambre d'hôtes.

Pour cette première soirée en Camargue, nous nous engageons dans les rues très étroites de la vieille ville pour nous attabler à l’Épicerie, sur une place ombragée de platanes.

Pas de photos, pas de notes, mais une cuisine provençale, authentique, du marché, faite avec le cœur. Réservation indispensable.


François

vendredi 26 juin 2020

Serge Vieira à Chaudes-Aigues


Nous partons vers le Sud mais, avant de bifurquer vers l'Est en direction de Largentière, nous faisons une halte à Chaudes-Aigues. Comme par hasard, à l'heure du déjeuner... Heureusement, nous avons pris soin de réserver une table chez Serge Vieira.

Sur les hauteurs du Couffour, un lieu très moderne, métal et baies vitrées, est intégré au chateau médiéval. De notre table, nous avons une vue dégagée sur les collines alentours et nous passons notre déjeuner à observer les mouvements des troupeaux de bovins qui vont et viennent d'un bout à l'autre de leurs pâturages.

Nous sommes sur la route, donc pas d'excès. Nous nous contentons donc du Menu "S" (le petit). Le Menu "M"(le dégustation), ce sera pour une autre fois.

 Foccacia, lard gras et oignion en pickle,
Taco au chou-fleur,
Pain noir et moules


Tartelette aux lentilles,
Tartare de bœuf et crème de champignon,
Panier d'huitre,
Cromesquis de pied de cochon

Rien à redire à ces amuse-bouches, gouteux et précis.


Soupe au fromage

Le dernier de la série est une petite merveille, rapidement noyée dans un bouillon d'oignons des Cévennes et canard, bien poivré. Le but est que le bouillon chaud fasse fondre les petites fleurs de fromage. Cette soupe à l'oignon deux étoiles est pimpée avec des pickles de bourgeons de sapin pour une touche encore plus terrienne. Que ne sommes-nous en plein hiver pour en boire des litres...


Fleurs de courgettes, mousseline de maigre au citron, coulis de laitue et tomates confites

La touche du MOF. Une magnifique fleur de courgette farcie. La cuisson a gardé la queue légèrement croquante et la mousse de poisson bien citronnée apporte un contrepoint gustatif aux saveurs de verdure de la laitue. Beaucoup de légèreté et de finesse dans cette belle entrée.


Le veau de Dominique Dupont aux girolles, gnocchi de pomme de terre au Salers, salade de fèves, jus au serpolet

Tout est dans l'intitulé. Le fil rouge de ce plat est le moelleux. Les saveurs sont précises, la viande est gouteuse... Beaucoup de plaisir avec ce plat faussement simple.


Les fromages affinés

Admirez ce magnifique plateau...


Sur une panacotta au sureau, pêches jaunes de Monsieur Caragaulier rôties, croustillant aux flocons d'avoine et sorbet pêche

Un vrai parfum d'été dans ce dessert et beaucoup de fraicheur. Idéal pour reprendre la route...


Crème citron meringuée,
Bille de thé à l'hibiscus,
Biscuit chocolat-tonka,
Guimauve spéciale personnes allergiques...



Clairement, Serge Vieira mérite ses deux macarons. Précision technique d'un MOF, précision des saveurs et des gouts, que demander de plus ? Peut-être un peu plus de détente dans le service qu'on sent un peu tendu. Est-ce la pression des étoiles (les garder ou chercher l'ultime) ? Une chose est certaine, nous reviendrons pour le grand menu et la chambre.



François