Bienvenue

Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

vendredi 26 mars 2010

Coup de blues = Laurent


Quand ma Comtesse a un coup de blues, il me faut réagir. Que faire pour lui redonner le moral ? Un diner au champagne peut-être...

Champagne ou non, diner il y aura et je m'empare de mon téléphone. Quelques appels plus tard, réservation est faite chez Laurent. Comme promis lors de notre précédente visite (aout 2009), nous allons découvrir (tardivement certes) la carte d'hiver.

Assiette de légumes-rave, sorbet betterave/pomme. Dans ce mondrianesque assemblage, des carottes, de la betterave, du céleri... tous crus et croquants, relevés de balsamique blanc. C'est frais, ludique, tout ce qu'il faut pour se mettre de bonne humeur.

Autre remède à la morosité, non pas des bulles mais un Chablis Grand Cru Blanchot 2001 du Domaine Raveneau. Le nez est légèrement évolué, la bouche ronde, équilibrée avec une petite sucrosité qui lui donne un léger coté exotique. Entre le vin et les légumes se construit un accord droit et terrien.

Fregola Sarda truffée, sot-l'y-laisse, écume de savagnin. J'adore la fregola... j'ignore si c'est sa texture moelleuse qui roule sous la dent qui me parle mais j'adore. C'est une entrée généreuse en saveurs dont on ferait un plat entier.

Saint-Jacques rôties, beurre d'herbes, salade de tétragone. Un mélange de saveurs simplissimes, nettes, pures et qui prouve que le tout est plus grand que la somme des parties. Saint-Jacques ultra fraiche, beurre légèrement salé, tétragones juste citronnées. Tout le gout de la mer.

Carré d'agneau, rognon persillé, artichauts farcis. Une belle cuisson rosée pour une viande gouteuse de saison.

Qui dit Agneau dit Bordeaux pour la rime et Pauillac pour l'accord. Juste par esprit de contradiction, nous choisissons un Saint-Julien, le Chateau Léoville-Poyferré 2002. Encore beaucoup de fruit en bouche et des tannins agréables. Un bel accord avec l'agneau.

Soufflé mandarine et sa marmelade d'orange. Eh oui, encore un. Je suis parfois monomaniaque quand il s'agit de dessert. D'autant plus que la mandarine est mon agrume préféré. Le sucre de la marmelade est presque de trop mais quel bonheur !

Ma Comtesse préfère la Mangue au caramel de passion. Dans l'ordre de la construction, nous avons un tartare, un bavarois, une tuile de meringue au citron vert, une glace et une tuile au sésame.

Le plaisir de cette soirée n'eut été complet si nous étions repartis sans une boite de palmiers. Ah, les palmiers de Laurent... Une délicatesse de feuilleté caramélisé. Quoi de mieux pour démarrer la journée du lendemain ?
En conclusion, Laurent confirme son statut de grande adresse parisienne. L'été qui approche nous reverra sur la terrasse-jardin.

François

lundi 15 mars 2010

Grands vins chez Rostang


A force de fréquenter les salles de ventes, nous finissons par faire de très belles rencontres. Au fil des enchères, mon Astre et notre hôte du soir ont créé une amitié autour de leur amour du vin et des grandes tables. Un grand amateur américain, le frère de notre hôte et les épouses sont les convives de notre première soirée gastronomique commune au sein du restaurant de Michel Rostang.

Nous prenons nos marques autour de l’amuse-bouche du jour (Royale lardée) et d’une mini-verticale de Champagne RD de Bollinger.
Le 1990 est sur les agrumes et des arômes de fruits rouges (fraise des bois et framboise) dans une finale interminable. Le second vin est d’un niveau et d’une couleur extraordinaires pour un 1964. Peu évolué, il se marie parfaitement avec le lard de la Royale.

Les deux Champagnes accompagnent également notre première entrée : l’Emincé de Saint-Jacques crues au vinaigre de Riz, tartare de bar en croustillant de sarrasin, caviar Sévruga « Pétrossian ». Ce plat éveille nos papilles en douceur avec ses fines saveurs iodées.

Le Foie chaud de Canard rôti, mandarines poêlées sur un lit de jeunes carottes et panais est accompagné d’un Meursault 1erCru Les Perrières des Comtes Lafon 1993. Un accord ton sur ton sur les agrumes (mandarine vs zestes de pamplemousse) avec ce vin structuré et équilibré.

Le deuxième vin blanc est ouvert, épanoui, sur des arômes de fruits blancs (poire williams). En bouche il a un équilibre idéal avec le Dos de Bar rôti en écailles de châtaignes et sa Marinière de coquillages. Le Château Haut-Brion blanc 1983 nous surprend par sa personnalité si particulière et généreuse.

Un rince-doigt fait son apparition. Chouette! Nous allons pouvoir manger avec les doigts.
Le Suprême de pigeon rôti, Salsifis lardés et glacés au jus… et surtout la Cuisse en salade.
Bourgogne ou Bordeaux ? Et pourquoi pas les deux! Château Latour 1970 et Charmes-Chambertin 2000 de Dugat-Py.
Au nez le Latour n’est pas très causant mais laisse percevoir un monstre dormant. Bingo! En bouche, il est peu évolué avec des tanins bien présents, l’élégance d’un Pauillac et une finale sur le cèdre et la figue.
Néanmoins le Charme me charme plus. Plus profond, avec de beaux fruits rouges et une structure qui me font plus penser à un Morey terrien qu’à un Gevrey cistercien.


Un assortiment de chèvre sec, époisses, comté et fourme d’Ambert m’est servi avec un vin ambré/brun aux notes de pâte de coing et de gelée de pomme. Son nez est enivrant et sa bouche est une merveille de botrytis. Le sauternais Climens 1937 éblouit toute la table.


Le dessert est un Caramel moelleux très riche en sucre et en saveurs caramélisées, grillées, noisettées, avec une pointe de fraîcheur apportée par un Sorbet cheesecake.
Le vin qui l’accompagne est tout aussi riche avec des arômes de rancio noble, de café, de confiture de cerises noires et d’eau-de-vie de cerise. Extrêmement puissant, cet Attila œnologique emporte tout sur son passage, limite « too much ». Un grand merci à notre ami d’outre-Atlantique qui a apporté pour nous ce Madeire Malvasia 1875 de Barbeito.


Gwenola

samedi 13 mars 2010

Castel de Très Girard


Pas un passage sur la Côte de Nuits sans une visite à notre ami Alain Jeanniard.

Après la traditionnelle dégustation en cave, nous décidons de diner tous ensemble. Connaissant nos gouts, le perfide mais néanmoins sympathique vigneron nous convie au Castel de Très Girard. Adieu régime, notre foie se reposera plus tard !

Depuis notre dernière visite (juillet 2008), nous voulions savoir si la carte était toujours aussi "barrée" (dans le bon sens du terme). Elle l'est toujours au grand désarroi de nos amis, moins habitués aux extravagances culinaires que nous. Néanmoins, le résultat est savoureux, ce qui est quand même le but recherché.

Ces dames commencent par une Salade d’anchois blancs, chipirons et navets longs sur un lait gélifié au thym, coulis de poivron rouge.

Pour ces messieurs, Duo de lapin : le râble en tartare, manges tout à l’huile de noisette et jaune d’oeuf de caille, les cuisses et abats pressés en gelée, vinaigrette à la moutarde maison.

Les filles font light : poisson et volaille. Filet de lieu jaune poêlé à l’unilatéral, purée de panais, quinoa au céleri branche, émulsion à la menthe et éclats de noisettes.

Suprême de pintade rôti à la fève de Tonka, tombée de choux blanc et germes de soja, jus de viande au cacao aigre doux.

Pour les hommes, du costaud : Côte de bœuf français (1kg) pour 2 personnes et son os à moelle, rûsti de pommes de terre, cocotte de petits légumes, mesclun au Xérès et sauce vin rouge.

Quelques douceurs : Duo d’ananas et sorbet manzana, carpaccio au romarin poêlé au beurre de cacahuètes.

Tarte Tatin de mangue caramélisée au thé noir parfumé au jasmin et sorbet passion.

Décomposition de Forêt Noire
.

Surprenant céleri branche, pomme Granny Smith et gingembre.

Si vous n'avez pas peur des expériences culinaires insolites, n'hésitez pas à pousser la porte de Castel. Vous y reviendrez.

François

Bissoh


Après les agapes de ces deux derniers jours, un peu de légèreté ne nous fera pas de mal. Nous nous rendons donc au Bissoh, notre cantine japonaise beaunoise.

Las... alors que nous aspirions à un peu de quiétude, débarque un groupe fort bruyant. S'ils sont férus de culture japonaise (on ne pouvait ignorer toute leur tapageuse conversation), ils en ont oublié la composante zen...

Notre menu de trois saveurs se compose ainsi :
Pour ma Comtesse, Brochettes de saumon/poireau, Aubergine au miso, Unagi-Don et Crème brulée au lait de soja. Pour moi, Huitres panées, Aubergine au miso, Porc Tonkatsu et Flan au sésame noir.

Pour faire simple, nous dirons que tout est bon. Je reste ébahi quant à la cuisson de l'aubergine (comment font-ils ???). Nous buvons du thé vert et un matcha avec le dessert. Mission accomplie.

François

vendredi 12 mars 2010

Levernois


Après nos dégustations, un peu de repos s'impose.

Cherchant le calme, j'avais réservé une chambre à l'Hôtel Le Parc à Levernois. Mais, à l'arrivée, jour de réouverture, nous apprenons que les travaux d'embellissement ne sont pas terminés. Nous sommes donc, à notre énoooorme déception, relogés dans la maison-mère, l'Hostellerie de Levernois. A quelque chose malheur est bon, dit le dicton.

J'avais prévu une sortie sur Beaune mais nous trouvons plus simple et plus reposant de rester sur place pour le diner.

Le Nougat de Foie Gras de Canard, Confiture d’Oignons rouges au Cassis et Pain d’Epices : plat destructuré qui prend toute sa mesure en le restructant. Le crousti-moelleux du foie et du pain et le sucré-salé-acide de la confiture avec le trait d'épice.




Le Risotto Carnaroli au Vert, Cuisses de Grenouilles et Escargots de Bourgogne, crème d’Ail doux : quand l'Italie rencontre la Bourgogne. J'avais un peu peur de l'ail avec le vin que nous avons choisi mais j'ai été agréablement surpris. C'est un plat très doux, aux saveurs terriennes et végétales qui laisse un gout de revenez-y.










A propos de vin, nous avons découvert parmi les pages de l'intéressante carte ce Corton-Charlemagne 1990 du Domaine Raphet.
Lorsque nous croisons ce genre de bouteille (beau millésime, vin à maturité, prix raisonnable), nous ne la laissons pas repartir. Quelle chance ! Il est effectivement évolué mais adolescent seulement. Une superbe trame équilibrée entre ampleur et nervosité qui va se jouer de tous les écueils attendus ou non de notre menu.






Le Homard rôti en Carapace, Couscous de légumes du Sud, Sauce Colombo
: là aussi, la sauce se fait discrète pour ne pas masquer le gout du homard. Semoule et légumes ont bien le gout de là-bas et le tout donne une variation intéressante du couscous traditionnel.










Le Carré d’Agneau au lard Colonata , Sucrines et Paccheri au Jus : la noix des côtes est piquée de morceaux de lard.

Le Baba Cube aux Raisins, Carpaccio d’Ananas et Crème glacée ‘Piña Colada’ : oups ! Dans notre précipitation, nous avons oublié de faire un cliché...

Le Soufflé chaud au Grand Marnier, Sorbet Orange Sanguine : vous ai-je déjà dit que j'adorais les soufflés sucrés ? Celui-ci est parfait, très bien dosé en Grand-Marnier et subtilement balancé par le sorbet acidulé.

Une bonne soirée après une bonne journée qui mérite une bonne nuit de sommeil pour attaquer dès le lendemain par... chut ! C'est encore une surprise !

François

Visite au Domaine des Lambrays


Nous descendons sur la Côte par la combe qui arrive à Nuits-Saint-Georges. Déjeuner romantique sur le parking d’un supermarché et nous reprenons la route en direction de Dijon.
Vougeot… Vosne… Chambolle… Morey-Saint-Denis… Domaine des Lambrays !

Un petit groupe de sommeliers russes est en retard pour la visite. En les attendant, nous allons dans les chais histoire de goûter quelques 2009.
Nous dégustons avec plaisir les deux blancs du domaine, deux Puligny-Montrachet 1er Cru, « Les Folatières » et « Clos du Cailleret ». Le premier est très fin avec des arômes de poire. Le second est plus en structure avec quelques notes de fruits exotiques. Il est taillé pour la garde.
Côté rouges, le Morey village est très « Morey », terrien, avec un beau fruit.
Le 1er Cru « La Riotte » (assemblé avec le 1erCru « Le Village » et les jeunes vignes du Clos pour faire la cuvée « Les Loups ») a de la puissance et passe en force.
Nous terminons par un assemblage de fûts du Clos des Lambrays. Contrairement au précédent, il s’impose tout en finesse et en élégance. C’est un vin terrien, avec du fruit, de la longueur et une finale poivre noir qui est, selon Thierry Brouin, typique du Clos.

Les sommeliers russes arrivent. Nous faisons un petit tour dans le jardin de la propriété (arbres, fleurs et bosquets classés 1er Cru !).
Nous redescendons dans la majestueuse cave ou reposent les fûts de Clos des Lambrays 2009 afin de déguster quelques bouteilles.
Nous reprenons avec les Puligny-Montrachet 2008. Les Folatières sont tout en fruits et en élégance. Elles ont une belle trame acide qui fera merveille sur des coquillages. Le Clos du Cailleret est plus puissant, moins aromatique et plus en structure. Dans ce millésime, je préfère les Folatières.

Nous poursuivons avec une verticale de Clos des Lambrays :
2008 : tendu, avec une charpente assez vive. Un vin taillé pour la garde.
2007 : robe assez claire et assez léger en bouche avec de la longueur et du fruit.
2006 : mon chouchou, du fruit, de la structure, de la longueur avec une finale sur le poivre noir. Il a tout pour plaire.
2003 : dégusté à l’aveugle, il a un beau fruit de framboise, de myrtille et de cassis frais. Absolument pas confituré, il laisse une bouche fraîche. On peut se faire plaisir maintenant avec une côte de bœuf.
1992 : très légèrement faisandé, avec un beau fruit, il est étonnamment jeune pour son âge. On peut le boire maintenant, mais il va pouvoir se garder encore pas mal de temps.

Et pour finir cette très belle dégustation, Thierry Brouin nous offre de la Fine du Clos des Lambrays : l’eau-de-vie est parfumée, très fine et non brûlante.


Gwenola

Olivier Jouan à Arcenant


Au petit matin, le jardin de la Côte d’Or est toujours aussi enneigé.
La flemme et l’appel de la cheminée nous font commander le petit-déjeuner « au lit ».
Malheureusement, il est temps de quitter ce petit nid douillet et de reprendre les routes enneigées bourguignonnes.

Au cœur des Hautes-Côtes de Nuits se loge le village d’Arcenant. Olivier Jouan, un jeune vigneron de la promotion 99 du CFPPA de Beaune, nous accueille dans son chai.
Originaire de Morey-Saint-Denis, il y a récupéré quelques vignes de son père et complété son domaine avec de bien jolies choses.

Nous débutons par une horizontale 2007 :
Hautes-Côtes-de-Nuits blanc : particularité, il contient 20% de pinot blanc. Floral et agrume avec une acidité saline en fin de bouche. Bien

Chambolle-Musigny vieilles vignes : ce vin fait « péter » le fruit (cassis et myrtille). Je trouve la trame relativement acide. Bien

Morey-Saint-Denis 1C « Les Ruchots » : un vin charmeur, fruité comme j’aime, avec beaucoup de finesse. Bien +

Morey-Saint-Denis 1C « La Riotte » : un beau fruit avec plus de structure que le précédent et plus typique de Morey. Très bien

Charmes-Chambertin GC : nous montons nettement en gamme avec un vin qui est d’apparence austère mais qui se révèle charmeur avec la petite note shamallow (sucre cuit et fleur d’oranger) qui me rappelle la typicité de sa voisine la « petite chapelle ». Il est puissant, fruité (myrtille et cassis) avec de beaux tanins et laisse au final une bouche fraîche. Excellent

Nous continuons par quelques fûts difficiles à juger car la malo n’est pas encore terminée.
Un bien beau domaine que je vous invite à visiter.

Gwenola


Olivier Jouan
6bis rue de l’Eglise - Arcenant (21)
Tél. 06 21 24 33 69

jeudi 11 mars 2010

Virée en Bourgogne - Vézelay - Saulieu


En mars, on sait ce qui se passe ! Nous fêtons l'anniversaire de ma Comtesse.
Comme toujours, je garde secret le lieu des réjouissances et c'est en vain qu'elle essaye de m'extorquer des indices.
Cette année, j'ai décidé de l'emmener en Bourgogne, pour une promenade culturelle, à la rencontre d'un chef d'œuvre de la chrétienté, et gastronomique, dans un lieu où se mêlent histoire et modernité.

Direction Sud-Est, par l'autoroute A6. Le soleil levant salue notre départ. La route est dégagée en ce jour de semaine et nous arrivons bientôt aux portes du Morvan, où les premières plaques de neige nous accueillent.
Oui, cela s'appelle l'effet pas-de-bol. Il a neigé la veille et je croise les doigts/prie Marie-Madeleine que la météo en restera là, la perspective de rester bloqués dans la forêt morvandelle ne m'enchantant guère...

Je ne sais si la Sainte a exaucé mes prières mais nous arrivons sans encombres à Vézelay. Sur la butte, la basilique résiste vaillamment à la bise, contrairement à nous qui nous y réfugions rapidement.































Superbe exemple d'architecte romane, complété par un chœur gothique primitif, il est remarquable par la grande clarté de la nef et de son ensemble de sculptures romanes qui ornent les tympans du narthex et les chapiteaux de la nef.
Frigorifiés et néanmoins éblouis, nous terminons notre visite à l'heure de l'office.






Sur les conseils d'un autochtone, nous nous enfonçons dans le Morvan en direction de Quarré-les-Tombes. Par endroits la route est à peine dégagée mais nous parvenons néanmoins à destination. Là, autour de l'église, sous une belle couche de neige, sont exposés cent douze éléments de sarcophages (soixante-six couvercles et quarante-six cuves) en pierre calcaire. On ignore la date exacte de leur découverte. De même leur présence donne lieu à conjectures : ont-ils été fabriqués sur place ou sont-ils les vestiges d'une nécropole ?

Après un bref passage chez le chocolatier local, nous repartons vers la destination finale où nous devons célébrer l'anniversaire de ma Comtesse : Saulieu.
C'est alors que Bidule, notre facétieux GPS, nous indique une route qui ne déparerait pas dans un paysage du Revermont. Bordée d'arbres, elle est totalement recouverte par la neige... Bravant l'adversité, j'engage notre véhicule germanique sur la poudreuse heureusement peu profonde. C'est donc à un train de sénateur que nous parcourons une dizaine de kilomètres avant de retrouver le bitume nu. Une promenade fort agréable au demeurant, que ma chère mère aurait très certainement appréciée (private joke) au cours de laquelle nous ne croiserons qu'un courageux VTTiste.

Arrivés à Saulieu, Ma Comtesse découvre enfin (si elle ne l'avait pas encore deviné) l'endroit tant attendu : La Côte d'Or, rebaptisé Relais Bernard Loiseau. Je parlais d'un lieu mêlant histoire et modernité. L'histoire commence avec Alexandre Dumaine, l'égal de Fernand Point et d'André Pic, dont les établissements sont les étapes incontournables sur la route de la Méditerranée. Elle se prolonge avec Bernard Loiseau qui arrive à la Côte d'Or en 1975 et en devient propriétaire en 1982. L'époque moderne, c'est celle de Patrick Bertron, le fidèle second de Bernard Loiseau, qui, à la mort de ce dernier en 2003, reprend le flambeau et crée son univers culinaire tout en perpétuant celui de son mentor.

Grâce à un timing serré, nous arrivons juste à temps pour que ma Comtesse puisse profiter de son premier cadeau : un soin au spa. Pendant qu'elle se fait chouchouter, je m'installe dans notre chambre. Boiseries et tomettes, feu dans la cheminée, elle dégage une très agréable impression de confort rustique.

Après une tasse de thé et un peu de repos, nous sommes prêts à rejoindre la salle du restaurant. Nous admirons le jardin sous la neige et un magnifique tableau de Bernard Buffet (pourquoi ne l'ai-je pas photographié ????). Arrive la carte. D'un côté les créations de Patrick Bertron, de l'autre les classiques de Bernard Loiseau. Cruel dilemme !!! Si les derniers sont évidemment tentants pour les néophytes de Bernard Loiseau que nous sommes, les premières nous permettraient d'évaluer le niveau actuel du restaurant. Anniversaire oblige, ma Comtesse choisit sans états d'âme les plats contemporains. Pour ma part, je commande un menu mixte.



Départ en douceur avec la crème et chips de topinambours, tout en onctuosité. Curieusement les chips de topinambours ont un gout aillé.





Coquillages et racines de persil à l’étuvée, jus marinière au beurre noisette. Beaucoup de simplicité mais des saveurs franches et évidentes, Saint-Jacques, ormeaux, huitres et couteaux.


Huîtres plates sur un palet de navet et pomme, granité de Pouilly-Fuissé à la cardamone noire
. Les huitres sont bien charnues et résistent au croquant du navet et de la pomme.

Pavé de bar côtier étuvé à la Cancalaise,
asperges vertes panées à la laitue de mer et bouillon à l’infusion de roquette
. Sous la roquette une huitre, sous l'huitre le filet de bar et sous le bar une brunoise d'asperges vertes. Un plat plutôt épuré et contrasté en saveurs et textures. L'accord poisson et asperge, peu évident de prime abord, se révèle grandissime. L'accord avec le vin de fait sur les notes végétales. L'asperge panée, à tremper dans le bouillon, est un délice. Vous l'avez compris, j'aime beaucoup.

Pour ces entrées marines, nous avons choisi non pas un bourgogne mais un Pouilly-Fumé, le Clos du Calvaire 2004 de Didier Dagueneau. Un premier nez de réglisse qui s'ouvre sur un sauvignon puissant (buis/agrumes). L'impression de puissance se confirme en bouche. L'équilibre est acide/amer, avec une acidité saline et une belle longueur. Une bouche également très aromatique avec du cassis très fin. En bref, c'est du lourd et j'ai presque peur qu'il n'emporte tout sur son passage mais au final tout va bien.









Filet de charolais cuit au foin en croûte d’argile, toast de moelle glacée au vin. La pièce de bœuf est présentée dans sa gangue d'argile, puis découverte, enveloppée d'une gaze et d'aromates. Une fois dressée avec les petits légumes et son toast à la moelle, elle est tout de suite plus appétissante. La viande est très goutue.






Sandre à la peau croustillante et fondue d’échalote, sauce au vin rouge
. Un des classiques de Bernard Loiseau. Un pavé de sandre, une fondue d'échalotes compotées et une réduction de vin rouge. Peut-on faire plus faussement simple ? L'heure n'est pas à la philosophie. L'ensemble est tout bonnement superbe. La cuisson "poussée" du sandre lui donne de la tenue face à la compote d'échalote, l'acidité de la sauce réveille le plat en contrepoint des échalotes quasi sucrées. Dire que je me régale est un euphémisme...

Pour ces plats "rouges", la cave nous a fourni un Volnay Clos des Chênes 1998 de Michel Lafarge. Un très beau pinot noir, prêt à boire mais avec encore de belles années devant lui. S'il est parfaitement à l'aise avec le bœuf, il n'est pas déstabilisé par le sucre des échalotes, le rappel étant fourni par la sauce.
Le pré-dessert accompagné de quelques mignardises : Ananas au poivre blanc, granité citron vert, émulsion ananas/estragon; macaron verveine/mandarine; financier chocolat; cube estragon/griottine; toast chocolat blanc/myrtille; tarte sablée vanille/gingembre/citron confit; tuile amande.





Croquant de mangue au safran et à la rose, mousse légère au poivre vert de Sechuan
.


Autre classique de Bernard Loiseau, la Rose des sables à la glace pur chocolat et coulis d’orange confite. Que dire...? Encore une composition épurée. Une alternance de quenelles de glace et de tuiles au chocolat arachnéennes, entourée de coulis. Que dire... ??? C'est le bouquet final qui ferait presque oublier le reste du feu d'artifice. A la finesse de la tuile répond la puissance de la glace. Le coulis, tout aussi puissant, adoucit néanmoins l'amertume du chocolat. C'est grand, c'est très grand. Chapeau bas, Monsieur Loiseau.

Que peut-on conclure de cette expérience ? Indiscutablement, Bernard Loiseau a marqué le paysage culinaire français et les classiques qui figurent à la carte sont là pour nous le rappeler. Le mérite de Patrick Bertron est d'avoir su maintenir et s'approprier cet héritage afin de composer sa propre carte tout aussi digne des 3 étoiles qu'arbore le Relais Bernard Loiseau. Félicitons également Dominique Loiseau pour l'accueil et la perfection du service de son établissement.
Seul bémol, les vins sont facturés à des tarifs prohibitifs. On s'attendrait à les trouver à ces prix dans les palaces parisiens mais pas en province.

Vous l'avez compris, c'est une étape incontournable de tout séjour en Bourgogne. N'ayez pas peur de commander le petit déjeuner morvandiau. Il recèle des douceurs irrésistibles comme le nectar de cassis, le gateau de semoule à la manière d'une bouillie, les confitures maison...


François