Bienvenue

Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

mardi 24 juin 2008

Visite au Château Cornélie (Haut-Médoc)

Nous avons rendez-vous dans le village de Saint Sauveur au cœur du Haut-Médoc.
Patrick, nous attend dans sa voiture. La visite commence par un petit tour dans les vignes pour nous expliquer sa philosophie.
Tout d’abord le terroir est, en majorité, un ensemble argilo-calcaire mélangé à une grave fine du style Villafranchien.
Les cépages du domaine sont le Merlot et le Cabernet Sauvignon.
Chose peu courante dans le secteur, la vigne est enherbée. D’ailleurs Patrick passe pour une sorte
de dingue dans le secteur : limitation des traitements (protection raisonnée), suppression des entrecœurs, suppression des ailerons de grappes pour homogénéiser la récolte et limiter le goût de poivron des cabernets sauvignon.


Une feuille de Merlot

Après cette promenade instructive, nous partons pour Moulis (prononcer « Moulisse ») où se trouve son chai.
Nous débutons la dégustation par son premier millésime : le Château Cornélie 2005. 51% de Merlot, 48% de Cabernet Sauvignon, 7% de fûts neufs et un travail du sol qui débute à peine (jusque là les vignes n’avaient jamais vu une herbe folle !).
Un nez de fruits rouges et noirs dominé par la groseille et la mûre, puis viennent des notes épicées de vanille de Tahiti.
La bouche est dominée par les fruits noirs et se termine sur un fruité banane. Le vin est puissant et élégant avec une structure tannique (souple) et acide.

Château Cornélie 2006 (1/3 de fûts neufs)
Le nez est friand : fraise des bois, myrtille, vanillé (la gousse) et un peu beurré.
En bouche, on perçoit qu’il est plus abouti et plus complexe que le 2005 en gardant la même palette aromatique. Il est long et a une structure tannique souple mais présente. Il faut attendre encore un peu qu’il finisse d’absorber son bois pour qu’il devienne un très bon vin.

Amabilis Vinéa « le vin de l’amitié » 2006. 76% de Merlot, pas de fût neuf ni de remontage (pigeage seulement) .
Ce n’est plus du vin, mais une soupe de fruits rouges et noirs composée de mûres, de myrtilles et de baies de cassis.
Même en bouche, il est très friand, mais on sent un vin bien fait, qui va certainement très bien vieillir. Je craque totalement pour ce vin !

Et le 2007 ? Patrick nous fait goûter 2 fûts totalement différents.
Le premier fût est neuf et contient majoritairement du Merlot.
Au nez, c’est de la confiture de mûre ! L’attaque en bouche est superbe, il a de l’acidité, mais pas trop, un beau fruité, des tanins déjà souples et une finale un peu astringente due au fût qui s’estompera avec l’élevage. Il y a déjà beaucoup d’élégance dans ce vin..

Le deuxième fût est d’occasion et contient 50% de macération carbonique.
Un nez très friand de fruits rouges et noirs.
En bouche, il est plus acide que le premier et il a une structure tannique plus droite et longue. Je le préfère au premier.
Maintenant il n’y a plus qu’à attendre pour goûter l’assemblage final, mais c’est déjà très prometteur.
Un grand merci à Patrick pour son accueil, sa gentillesse et ce moment de partage.
Gwenola

mercredi 18 juin 2008

Le Castel Marie-Louise

Vacances de début d'été, épisode 5.

A la Baule, il est des maisons qui vous font remonter le temps, au siècle dernier où le front de mer n'était encore bâti que de villas. Des maisons en pierres de granit, aux jardins ombragés par les pins.
Le Castel Marie-Louise est l'une d'elles. Ce manoir Belle-Epoque offre 31 chambres, dont deux suites, et une table parmi les meilleures de la Côte d'Amour.

En guise de coda de notre séjour à la Baule, nous avons réservé une table pour deux, une sorte de diner en amoureux.


Le cadre est feutré, seuls quelques habitués et touristes anglais nous entourent. Nous sommes placés, comme sur la photo, juste devant la baie vitrée qui donne sur le jardin et le front de mer. Dans ce cadre propice au plaisir des sens, la seule incongruité est l'étrange ambiance sonore qui diffuse un remix de pop des années 80.

Après prise de commande et feuilletage exhaustif de la carte des vins, nous prenons conseil auprès de la jeune sommelière. Cette dernière, devinant notre ouverture d'esprit, nous conseille un Baux de Provence : cuvée "Tuilière Vieille" 2002 du Domaine Milan. La robe est jaune, à reflets verts. Au nez, cet assemblage plutôt bordelais (sémillon, sauvignon, muscadelle) est dominé par le sauvignon (buis) et des notes camphre/eucalyptus. En bouche, les trois cépages cherchent un peu leur place. Après un moment, l'ensemble est plus homogène, la bouche est fraiche et bien structurée avec une belle amertume.




Pour nous mettre en appétit (comme si besoin était), nous dégustons une mousse de chou-fleur accompagnée de thon blanc au sésame.




Puis le festival de saveurs commence...

Arrivent, dans une assiette surprenante, les sardines et piquillos en marinade à la fleur de sel, langoustines et vinaigre de framboises. A gauche sardines et piquillos, à droite les langoustines. Ce sont en fait deux entrées plutôt qu'une. Les sardines marinées sont incroyablement moelleuses et l'accord langoustines-vinaigre de framboises, renforcé par les framboises fraiches, est extraordinaire.

Pour ma part, je déguste l'encornet et langoustines en fricassée, citron jaune et persil plat. C'est d'une grande simplicité, l'encornet et les langoustines étant juste saisis, tout en restant moelleux. Le citron qui les accompagne est servi sous forme de compote non sucrée. La bouche oscille entre les textures des fruits de mer et l'acidité du citron.


Place aux plats de résistance (comment résister...?) : ma Romanée choisit l'agneau fermier du Quercy. Dans l'assiette, côte, épaule confite, bonbon de ris et rognon. C'est goutu, tout simplement bon. Que demander de plus ?





Je reste coté mer avec le bar, fraicheur de tomate, herbes fraiches et truffe. Le poisson est couvert d'un mélange mi-compote mi-coulis de tomate et d'herbes aromatiques qui donne, comme l'intitulé du plat l'indique, beaucoup de fraicheur. Les courgettes, tomates et asperges sauvages qui l'accompagnent me font irrésistiblement penser à la ratatouille du film éponyme. Encore une fois, de la simplicité, du gout. Il n'en faut pas plus pour nous rendre heureux.

Pas plus ? Ce n'est pas certain...

Après un passage obligé (Gwenola n'est pas de mon avis à propos de ce qualificatif) par le plateau de fromages, nous apportons la touche finale à notre soirée en amoureux : les fraises flambées à la liqueur de rose pour deux.

S'il est un spectacle (trop rare) que ma moitié adore, c'est celui du maitre d'hôtel qui découpe, lève les filets ou flambe en salle. Elle ne fut pas déçue.
Suivez-moi bien : après avoir changé le sucre en caramel, les fraises y sont ajoutées puis arrosées et flambées à la liqueur de rose. Enfin, elles sont servies avec un sorbet à la rose et des pétales de rose cristallisés.



Avec un verre de Moscato d'Asti pour elle et de Rasteau pour moi, nous nous régalons de ce dessert au plaisir presque régressif, accentué par les mignardises parmi lesquelles des sucettes à la fraise et pistache.




Notre première semaine de vacances s'achève déjà. Nous aurons bien besoin de la seconde pour nous remettre de toutes ces émotions gustatives.

François

mardi 17 juin 2008

Moi jalouse ? Jamais !

Vacances de début d'été, épisode 4.

Extrèèèmement jaloux d’un certain Monsieur M qui a fait un superbe dîner à la Mare aux Oiseaux avec ses bouteilles, nous avons décidé de demander à Eric (le Chef) et à Cyril (le sommelier) de nous concocter un déjeuner autour de quelques bouteilles issues de notre cave.

Nous avons déposé nos « bébés » deux jours plus tôt pour qu’ils se reposent du voyage.

12h30 tapante, Marine (la maître d’hôtel), Eric et Cyril nous accueillent et nous installent près de la baie vitrée.


Pour débuter, la maison nous offre une coupe de Roederer Brut Premier pour accompagner des rillettes de canard et de lapin avec une brioche au curry et cacahouètes. Le champagne possède une belle vivacité avec des notes de pamplemousse, de chèvrefeuille et d’acacia. Le dosage est bien équilibré, ce qui le rend très agréable à boire.




L’amuse bouche du jour est un maki de pigeon légèrement fumé avec un confit de tomate verte. Surprenant et étonnant, la confiture apporte une touche sucrée et de la fraîcheur, le nori et le pigeon donnent de la mâche et le riz (digne d’un maître sushi) du moelleux.



Les choses sérieuses débutent avec une Bollinger Grande Année 1990 (dégorgement 2ème trimestre 1998). Nostalgie ? Anniversaire ? En fait un peu des deux car nous avions bu cette bouteille lors de notre première visite chez Eric Guérin il y a 5 ans et nous tenions à sa présence en ce jour. Un nez élégant qui ranciotte un peu. En bouche, il développe des arômes de nougatine, noix de cajou et d’amande fraîche. Il est long, mais long, avec une finale fraîche et une belle bulle fine malgré son ouverture une heure avant le service sur les conseils de Bollinger.




Pour accompagner ce grand champagne, Eric a imaginé des spaghettis à la bolognaise à sa façon. Tout y est, des spaghettis tièdes… de pomme-de-terre (tout juste blanchie), des tomates green zebra sucrées et savoureuses, de la viande avec du canard fumé tiédi, du vieux parmesan, de la sauce tomate / poivron et un trait de balsamique pour compléter le tout. Entrée « froide » et légère qui a donné une seconde jeunesse au champagne en lui apportant beaucoup de fraîcheur.




Tartare d’huîtres et d’haricots verts crus, jus de concombre et marjolaine (et piment) avec un Chassagne-Montrachet 1er Cru les Caillerets 2002 du domaine Fontaine-Gagnard. Eric voulant nous faire goûter ce plat, nous avons laissé Cyril nous choisir le vin pour l’accompagner. Le plat est frais, croquant, iodé et pimenté.






Le Chassagne est un petit jeune encore boisé mais très typé Chassagne avec sa suavité et son floral. Le piment gomme le boisé et révèle un grand vin.




Ouverte juste avant le service, d’une robe grenat avec un disque évolué, un nez très fin sur le tabac, la fraise des bois, la framboise blanche et la vanille de Tahiti. Très ouvert et expressif, les tanins souples mais présents lui apportent un côté terrien. Il, enfin plutôt Elle, est magnifique et divine. Vous l’avez reconnu(e) ? Pichon Lalande 1971 … plus connue maintenant sous le nom de Pichon Longueville Comtesse de Lalande.







Pour accompagner la Comtesse, nous avons droit à un cochon rôti au jus de champignons noirs servi avec des shiitakes et des asperges.




Interpellé par le trafic de bouteilles qui se fait à notre table (pour 2 personnes uniquement !?!) et intrigué par la vieille bouteille de bordeaux, le couple qui occupe la table à côté de la notre engage la conversation et nous leur offrons de la goûter. C’est toujours un plaisir de partager une bonne bouteille avec d’autres amateurs.

Après cette petite pause, nous continuons avec un must de la maison, les fameuses madeleines au Roquefort, accompagnées aujourd’hui d’une émulsion d’harissa et d’un sorbet de thé vert à la menthe. Un plaisir régressif toujours apprécié et renouvelé.







La petite douceur que nous avons apportée se marie parfaitement avec les madeleines et fait ressortir leur arôme pâtissier.
Botrytisé à souhait, le Sauternes Chateau La Tour Blanche 1990 est liquoreux et frais. Il offre des notes d’abricots secs, de mangue et de fruits de la passion. Très long, il reste fin et subtil. Du grand Sauternes.




Nous terminons ce déjeuner avec une dacquoise de pommes façon Tatin, brunoise de mangue et sorbet mangue.
Dessert gourmand et gourmet qui sert le vin, à moins que ce ne soit l’inverse. L’ensemble reste aérien et assez léger.




Le restaurant est maintenant vide. Pendant que je sirote mon café, Cyril s’installe avec nous pour goûter les vins. Nous sommes bien, nous n’avons pas vu le temps défiler et ce n'est qu’à 18 heures que nous quittons la Mare aux Oiseaux.

Gwenola

Une Mare aux Oiseaux qui porte bien son nom

Quelques volatiles présents chez Eric Guérin



... Une famille en vadrouille








... Une autre qui nous observe ...





... Cyril, le sommelier, avec la dernière pensionnaire ...









... Et un couple comblé.

dimanche 15 juin 2008

Retraite à l'Hermitage


Vacances de début d'été, épisode 3.

Où pourrions-nous passer quelques jours de vacances en amoureux, histoire de se requinquer avant d'entamer une semaine de vacances en famille ?

Et pourquoi pas une retraite ?

Spirituelle ? Hum...

Disons plutôt dorée...

Après maintes hésitations, nous décidons de nous retirer donc à La Baule, à l'Hotel Hermitage.



Ce joyau de la Côte d'Amour n'a rien à envier aux palaces parisiens. Le service est très complet et très prévenant. Mention spéciale au concierge qui a répondu présent à la moindre de nos sollicitations.

François

Déjeuner dominical aux Tonnelles

Vacances de début d'été, épisode 2.

Nous quittons Sanzier sous un ciel plombé. "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle...". L'atmosphère aussi est lourde, orageuse, et quelques gouttes nous accompagnent en direction de l'Ouest. Les quais de Loire (rive gauche) étant fermés pour cause de manifestation cycliste, nous traversons la campagne par des chemins parfois peu balisés (merci Bidule, alias notre GPS...).

Nous arrivons enfin à Béhuard que j'imagine ne jamais voir sous le soleil... Qu'importe ! Les quelques mètres séparant le parking des Tonnelles sont rapidement franchis et nous sommes immédiatement installés dans la petite salle déjà pleine.


Une fois la commande prise, nous nous plongeons dans le livre de cave fort bien fourni et aux tarifs raisonnables. Nous jetons notre dévolu sur une très belle bouteille :

le Savennières Clos du Papillon 2005 du Domaine du Closel.


C'est un bébé qui mérite la carafe et nous le laissons s'ouvrir en dégustant les deux amuse-bouches du jour :



Huitre pochée refroidie et gelée de persil, Rouget et carotte à la coriandre.


Le Savennières, au départ fermé, commence à s'ouvrir sur un nez d'agrumes (bergamote). Il est riche et ample, avec beaucoup de matière, tout en restant vif et droit. C'est un vin élégant, structuré et long avec une finale légèrement eucalyptus et citron jaune. C'est presqu'un crime de le gouter dès maintenant tant son potentiel de garde est énorme. Cependant, il est très plaisant et n'a pas son pareil pour accompagner les plats qui vont suivre.












Les entrées arrivent : Fricassée d'anguille pour ma chère et tendre, Asperges et coquillages pour moi. Sous cet intitulé lapidaire se cachent des asperges rôties accompagnées de homard, coques, hachis de couteaux et beurre de ciboule. Je me régale. Quant à l'anguille, elle est juste pôelée et arrosée de beurre et persil.













Pour les plats, nous avons fait dans la simplicité : Sandre au beurre blanc et Turbot sauce au citron et amandes fraiches. La cuisson des poissons est parfaite et l'accord turbot/amandes est magique. De plus, le Savennières sublime les saveurs.


Je résiste (oui, j'ai résisté) au plateau de fromages pour garder une place pour le trio de desserts, mon amoureuse se contentant d'un crumble de framboises accompagné d'un verre d'Achillée d'Agnès et René Mosse. C'est un Vin de Table rosé composé de grolleaux gris et noir et gamay en surmaturité (42g de sucre résiduel). Il a été carafé puis remis en bouteille pour le service afin d'éliminer le coté perlant. Il exhale la pèche jaune, le sucre cuit et la figue verte. En bouche, il s'exprime comme un vin moelleux et botrytisé.











Le trio de dessert commence par une compotée abricot/chocolat sur un biscuit sablé. Le mélange de l'abricot compoté et du chocolat coulant est riche et il faut un vin tout aussi riche pour lui tenir tête : le Coteaux du Layon "Les Bruandières" 2005 de Patrick Baudouin. Pourtant, malgré l'ampleur du millésime, le vin reste frais et aérien, avec une bouche très pure. L'accord est parfait, le dessert et le vin se répondant en vagues successives.












Deuxième acte : le fondant et la glace chocolat. Tout est dit dans l'énoncé, c'est le triomphe du cacao, à peine adouci par la crème. Le Layon fait pâle figure... mais je préfère stopper là mes libations, la route étant encore longue jusqu'à notre destination.






Pour finir (tout au moins le croyons-nous...), nous dégustons quelques fraises accompagnée d'un sorbet chocolat blanc à la menthe...




Repus, nous osons cependant gouter le financier (vive le beurre!) et la mini-tartelette pistache caramélisée qui accompagne le café de ma princesse. Bien nous en a pris.

Je n'ose vous dire de vous précipiter en Anjou car l'adresse va disparaitre très bientôt. Mais rassurez-vous ! Elle renaitra à la fin de l'année en plein centre d'Angers. Nous vous tiendrons bien entendu informés de la nouvelle adresse dès que nous la connaitrons.



François