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samedi 25 avril 2009

Toraya WA Salon – Le Gagaku


Parmi les adresses japonaises de Paris que nous fréquentons régulièrement, figure Toraya, LA pâtisserie japonaise de Paris.
Quatre fois par an, Toraya organise un évènement culturel autour de la culture japonaise. Samedi dernier, nous sommes partis à la découverte d’un genre musical séculaire, le Gagaku.

Le Gagaku est la forme musicale la plus ancienne au Japon. Ses origines remontent au 5ème siècle et sa forme actuelle a été fixée au 10ème siècle. Il est surtout pratiqué dans les temples et sanctuaires à l’occasion de cérémonies et il mêle musique, danse et chant.
Ce sont trois musiciens et une danseuse originaires de Kyoto qui nous font découvrir le Gagaku qu’ils pratiquent dans deux des temples les plus importants de l’ancienne capitale.

Les trois instruments présentés sont des instruments à vent car ils ont un rôle prépondérant dans les représentations musicales de Gagaku.

Le Shô est une sorte d’orgue à bouche à dix-sept tuyaux qui a la particularité d’émettre le même son qu’on inspire ou expire dans l’instrument. En bouchant les trous situés à la base des tuyaux, il est possible de réaliser onze accords différents. Le son cristallin du Shô est aussi appelé « lumière céleste ».

Le Hichiriki est une sorte de hautbois à double anche utilisé dans tous les genres du Gagaku. L’instrument est en bambou laqué percé de sept trous et l’anche en roseaux séchés. Sa particularité est de pouvoir changer le son, sans bouger les doigts, en variant la puissance du souffle. Le son du Hichiriki est associé au « son de la terre ».

La Ryûteki (flûte du dragon) est une sorte de flûte traversière, originaire de Chine, faite en bambou et percée de sept trous. Sa particularité est un diapason large de deux octaves qu’on peut atteindre en faisant seulement varier la puissance du souffle. Le son de la Ryûteki est assimilé à « la voix rugissante des dragons qui sillonnent le ciel en dansant ».

Dans les représentations musicales de Gagaku, le Shô donne l’accord et le Hichiriki joue la mélodie principale, décorée par l’apport de la Ryûteki qui fait office de soliste. La somme de ces trois instruments, les cieux, la terre et le ciel, représente « l’espace rendu sensible à l’âme et au cœur ».

Après ces explications, nous sommes prêts à être confrontés à une forme musicale bien éloignée de la musique dite « classique » européenne. D’autant plus éloignée que les partitions utilisées ont une forme antérieure aux partitions à cinq lignes que nous connaissons aujourd’hui. Chaque signe correspond à un son que les élèves musiciens doivent apprendre à chanter avant d’aborder l’instrument. Aucune indication rythmique n’est indiquée. Cette notion est transmise de façon orale et ce sont les musiciens qui, dans le jeu, composent l’harmonie entre les différents instruments.

Ce sont donc des sonorités étranges/étrangères qui nous parviennent. Sur l’accord cristallin du Shô, le Hichiriki pose une mélodie chuintante et nasillarde qui, on le devine, nécessite une maitrise parfaite de l’instrument. La Ryûteki, l’accompagne, en accord ou désaccord harmonique, en puissance ou en retenue, selon la structure du morceau.

Nous sommes hypnotisés et transportés dans un monde inconnu dont nous n’apprécions que partiellement toutes les subtilités, tant nous en sommes culturellement éloignés. Néanmoins, l’harmonie entre les musiciens est palpable et nous nous laissons entraîner dans cet espace de sensibilité artistique.

Seul bémol (pour utiliser une image musicale et paradoxalement occidentale), la petitesse des lieux. Les notes souvent puissantes et aigües réclament un espace ouvert pour s’exprimer totalement sans heurter nos tympans.




Après la musique, la danse. Celle à laquelle nous assistons est très connue et s’appelle « Ranryôô » ou « Ryôô ». Elle raconte l’histoire d’un roi appelé Ranryôô Chôkyô du pays de Sei (Chine) à l’époque de Nanbokuchô (1336-1392) qui excellait dans la stratégie militaire. Doté de traits beaux et gentils, il mettait un masque de dragon imposant sur le champ de bataille afin de se montrer plus autoritaire. La danse raconte sa victoire éclatante au château de Kinsen.





Le costume porté par la danseuse a été spécialement prêté par le temple auquel il appartient et n’est utilisé que pour cette danse particulière.
La danse est fluide et dynamique à la fois et me fait penser, comme son origine chinoise l’indique, à des mouvements de Tai-chi.

Après la représentation, les musiciens se prêtent volontiers au jeu des questions/réponses et nous pouvons découvrir les instruments de près.

François

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