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dimanche 2 novembre 2008

Edito n° 6 : Aux verres citoyens !!


Vous l'avez certainement remarqué, le projet de loi de Roseline Bachelot intitulé "Hôpital, patients, santé et territoires" suscite de nombreuses réactions. La dernière en date est à l'initiative des vignerons et élus des régions viticoles qui ont apposé des pancartes "Censure" ou "Censuré" sur les panneaux de leurs communes, communes aux noms évocateurs pour tous les amateurs de vin.

Peu de rapport avec l'hôpital me direz-vous... Et pourtant ! La mesure-phare de ce projet de loi est l'interdiction de vente d'alcool aux mineurs. Mais celle qui fait le plus polémique est l'autorisation de la publicité pour les alcools sur Internet.

Est-ce bien de nature à justifier de telles manifestations de colère ? C'est possible mais il est un sujet qui présente un danger plus grand pour la filiale viticole et les amateurs de vin.

Ce sujet est une phrase contenue dans la loi : "Il est interdit d’offrir gratuitement à volonté des boissons alcooliques dans un but promotionnel, ou de les vendre au forfait".

Pour le législateur, l'esprit de cette phrase est l'interdiction des open-bars qui serait, avec l'interdiction de vente aux mineurs, un moyen efficace de lutte contre le binge-drinking, pratique ô combien nocive et stupide mais favorisée par l'ensemble des mineurs et jeunes adultes.

Car ce sont eux, les cibles de ce projet de loi et les ravages causés par leurs habitudes de consommation.

Vous n'êtes pas convaincus ? Je poursuis.

La phrase citée plus haut comporte une ambiguïté malheureuse. En effet, le législateur, dans un but louable de promouvoir et défendre la langue française, abhorre les anglicismes, quitte à les remplacer par des barbarismes tout aussi abscons que ridicules (je pouffe toujours en entendant "ballado-diffusion" sur France-Inter pour "podcast"). C'est ainsi qu'au lieu d'appeler un chat un chat, "open-bar" se trouve remplacé par une formule qui laisse place à toutes les interprétations.

Prenons pour exemple le Salon des Vignerons Indépendants. Cette manifestation qui a lieu plusieurs fois par an à Paris et en régions regroupe des vignerons qui font goûter leurs vins au public. Deux moyens d'y accéder : gratuitement avec une invitation envoyée par un vigneron, ou moyennant un droit d'entrée modique. Une fois dans les lieux, l'amateur est libre de rendre visite aux stands de son choix, sans limite de temps ou de nombre d'exposants rencontrés.
Ce que je viens de vous décrire est proche, voire très proche de ce que la loi vise à interdire. Si vous n'en êtes pas convaincus, c'est que votre interprétation diffère de la mienne et je souhaite que jamais ne survienne une jurisprudence (mal) orientée qui mettrait un peu plus à mal tout un pan de l'économie française déjà fragilisée car en but aux attaques à oeillères du lobby hygiéniste. Imaginez que demain disparaissent non seulement les salons comme celui des Vignerons Indépendants mais également les dégustations au domaine, celles organisées dans le cadre des foires aux vins d'hypermarchés, etc. Après l'interdiction de boire dans les lieux publics (adieu les pots de départ), après l'obligation à l'autocensure au restaurant, à quand l'interdiction de boire chez soi ???

Que vous soyez vigneron, caviste, élu ou simple citoyen, faites tout votre possible pour dénoncer cet article, le faire amender et dire au législateur "Ne vous trompez pas de cible".

C'est en changeant les mentalités, par l'éducation et non la répression, que nous lutterons efficacement contre l'alcoolisme et ses méfaits.

François

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