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Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

samedi 15 janvier 2011

Quand les grands malades se rencontrent...


Nous avons, parmi nos amis, ce que nous appelons des Grands Malades. Ils ont en commun d'avoir le virus du vin, une maladie pas si rare et qui les pousse à des achats massifs de bouteilles de bonne facture (cette dernière également élevée). Cette fièvre acheteuse entraîne de facto la création de caves pouvant contenir plusieurs milliers de bouteilles. Mais si ces passionnés extrêmes sont loin des petits joueurs que nous sommes, ils n'en sont pas moins nos amis et c'est avec plaisir que nous les recevons pour un diner au thème évocateur : "On se lâche !!".

Au menu, belles étiquettes pour petit comité.

La mise en bouche se fait aux bulles avec le Champagne Brut 100% Meunier de José Michel. Par une lâche traitrise du réfrigérateur, il n'est hélas pas assez frais. Le vin fait cependant son office sur les quelques grignoteries préparées avec amour par ma Comtesse.







Autre déconvenue , le Puligny 1er Cru Clos du Cailleret 2002 du Domaine des Lambrays, carafé à l'avance, s'est oxydé à vitesse grand V (honte à moi). Le vin n'est plus que l'ombre de lui même, ne délivrant pas grand chose à par ces notes d'oxydation. La soirée commence mal...


Heureusement, la suite s'annonce meilleure. Sur des Saint-Jacques à la citronnelle et purée de panais au combawa, nous juxtaposons deux 1er Cru blancs 1996 :
















le Beaune "Clos des Mouches" de Drouhin et le Puligny "Champ-Canet" de Jean-Marc Boillot
. Le premier a un nez superbe, légèrement évolué, mais la bouche n'est pas aussi causante. En revanche, le second, s'il est discret au nez, s'exprime merveilleusement en bouche. Une matière ample, une belle longueur sur des agrumes presqu'exotiques. Merci Monsieur G.


Nous laissons de coté le quatrième blanc pour passer aux rouges qui doivent accompagner une épaule de sanglier à la manière de Pierre Perret, c'est à dire marinée puis mijotée longuement avec pois chiches et figues sèches regonflées au vieux Rivesaltes. Un grand merci à Monsieur T pour son Chateau Léoville Las Cazes 1989. Si tous les bordeaux pouvaient se révéler ainsi au bout de 20 ans, nous serions tous plus patients. Le nez est fin mais précis, immortelles et roses séchées et aucune trace de poivron (private joke pour Monsieur B). En bouche, c'est la grande classe, un aristocrate en habit, velours et taffetas.

















La suite s'annonçait grandiose avec un match de grands du Rhône (Nord et Sud), en totale adéquation avec le plat. Las, le Château de Beaucastel 1998 (Châteauneuf-du-Pape) déposa les armes avant les hostilités pour cause de défectuosité bouchonniesque. Nous nous consolâmes donc avec la Côte-Rôtie "La Mouline" 1991 de Marcel Guigal.

On dira ce qu'on voudra sur les étiquettes mais certaines réputations ne sont pas usurpées, à l'image de cette Mouline dans un millésime exceptionnel en Rhône-Nord. Le nez est présent, expressif, puissant mais sans exubérance, viande séchée, havane, pas franchement empyreumatique mais presque. En bouche, on sent un jeune adulte. Un peu de maturité mais pas encore sage. Je suis heureux de le trouver ainsi car la frustration de l'avoir ouvert trop tôt aurait gâché ma soirée. Une matière ample, riche d'une belle acidité, avec un fruit qui rappelle les groseilles, et une longueur interminable. C'est un grand vin.

Les invités se régalent, nous aussi. La soirée est réussie. Mais pas encore terminée.

En guise de plateau de fromage, nous déballons un camembert truffé. C'es le moment de sortir le quatrième blanc, un Chablis Grand Cru Blanchots 1992 du Domaine Laroche. Retour au néolithique. En bouche, c'est un silex taillé, droit, fin et tranchant à la fois. J'aime ces vins qui se dévoilent sans passer par quatre chemins.







Petite curiosité, cette demi-bouteille de champagne Bollinger Spécial Cuvée des années 50. La bulle est absente mais pas la liqueur. Un beau vin évolué.





Nous avons prévu le dessert en fonction des vins proposés. La tarte rustique tout chocolat est garnie d'une ganache amère. C'est la compagne idéale du Porto Vintage 1994 de Taylor. Le nez n'est pas très expressif mais la bouche est sublime. Aucune sensation de chaleur, un toucher de bouche velouté et des beaux arômes de fruits noirs. L'accord est parfait.


Second vin de dessert, un Madère au producteur et à l'âge indéfinis (vraisemblablement années 30). La bouche est un peu puissante mais moins que le 1875 bu chez Rostang. La sucrosité me fait hésiter entre Verdelho et Bual. Les arômes de fève de cacao/grain de café torréfiés prolongent le plaisir de la dégustation de la tarte. Merci Monsieur S.

Les non-amateurs de chocolat (il y en a !!!) se sont consolés avec un assortiment de fruits exotiques (mangue, mangoustans, litchis) et une goutte de Marc du Clos de Tart.


Une bonne soirée somme toute...

François

1 commentaire:

Bruno Bosselin a dit…

Du Marc du Clos de Tart, tiens donc ...

Bruno