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Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

mardi 3 février 2009

Riesling Vs Chenin

Une joyeuse petite bande s’est retrouvée dans un restaurant fraîchement ouvert, le Barbezingue à Chatillon (92).

Quelques mots sur le restaurant
Le restaurant appartient à Thierry Faucher (L'Os à Moelle, la Cave de l'Os à Moelle dans le XVe, Les Symples à Issy-les-Moulineaux).
Deux étages, deux ambiances, deux formules. En bas, c’est un bistrot avec une cuisine traditionnelle, mais pas trop, avec de bons petits plats soignés. A l’étage, c’est une table d’hôte où chacun se sert et sert ses camarades.
Afin de mieux accorder nos vins avec les plats, le chef nous a mitonné de savoureux plats dans le cadre bistrot.

Quelques mots sur le principe de la soirée
Deux cépages adaptés aux régions « froides » qui donnent généralement des vins vifs, tendus et minéral. Deux cépages qui ne cohabitent pas l’un est le roi de l’Alsace (23% de la surface plantée), l’autre domine la vallée de la Loire.
Afin de mieux brouiller les pistes, les Chenin et les Riesling sont servis à l’aveugle.

Pour faire venir les convives manquants, nous dégustons la Cuvée Mathilde 1995 de Mark Angéli (Bonnezeaux déclassé en moult de raisin partiellement fermenté et passerillé)
Une légère oxydation fait penser à un vin qui commence à avoir de la bouteille. Au second nez, se développent des notes d’abricot sec et de sucre cuit. En bouche, l’attaque est assez vive et minéral puis vient le sucre avec des notes de peau d’abricot et de pâte de coing. Il garde un bel équilibre sucre / acidité sur la longueur et laisse une bouche fraîche. Très Bien



Amuse bouche: émulsion de champignon, jus de volaille, saucisson, polenta moelleuse et chorizo.
L’amuse-bouche est un délice. A la fois fine, racée et gouteuse sans alourdir les papilles pour la suite. Elle est accompagnée d’un pirate, Roussette de Savoie, Marestel Altesse 2005 de Dupasquier.
Pas étonnant que je ne trouvais pas le cépage. Le nez n’est pas très expressif. Néanmoins, je perçois des notes de pomme Granny Smith, de framboise blanche et de macis. En bouche, il fait penser à une poire poché au vin blanc avec des épices douces comme la cannelle ou le macis. Puis viennent des notes de fleurs blanches sur la longueur. Ce vin est très complexe et d’une grande finesse aromatique. Très Bien.

La première entrée arrive : Crème de potiron, crème aïllée, pignon et copeaux de comté.
La crème d’ail fait peur à tout le monde. Quel vin peut être à la hauteur d’une telle puissance dévastatrice. En fait, l’ail est cuit et rehausse le potiron sans le dénaturer. Pour accompagner ce plat, deux vins vont s’opposer : Riesling GC Kirchberg de Ribeauvillé 1999 de Louis Sipp et Jasnières Cuvée Tradition 1999 de Bénédicte de Rycke.
Le nez du Riesling révèle quelques notes d’hydrocarbures, ce sont des notes de fruits du vergers et de fleurs blanches qui dominent. En bouche, il est assez vif, mais son gras lui donne une finale assez ronde. Très Bien
Le Jasnières a des arômes de morilles et de sous-bois (feuille morte). L’attaque est vive. Il est très puissant avec des notes de citron, de morilles et de la minéralité. C’est un vin atypique mais agréable. Bien

La deuxième entrée nous étonne encore plus : huître « Marennes d’Oléron », ris de veau, poireaux, roquette et jus d’herbes. Jeu de textures, de températures et de saveurs qui se révèle délicieux.
Un seul vin pour l’accompagner, Savennières « Clos de la Coulée du serrant » 1993 de Nicolas Joly (bouteille ouverte la veille et carafage de 2 heures)
Nez gourmand de chamallows, de mûre sauvage et de sucre cuit. En bouche, l’attaque est franche avec des notes de pamplemousse. Il prend ensuite de l’ampleur avec des notes de bonbon anglais et du gras. Seul, il manque un peu de peps, mais avec l’huître il prend de la vigueur et fait ressortir les notes iodées de l’huitre. Très Bien.

Les plats se suivent, la qualité est toujours au rendez-vous et les saveurs sont toujours aussi surprenantes : Nage de Homard, haricots coco, chorizo, chanterelles et coriandre.
Tout y est ! La cuisson du homard est juste, le chorizo relève le plat et la petite crème rehaussée de zestes de citron vert donne de la pêche au plat.
Pour un tel plat, il nous a fallu trois vins : Riesling Herrenweg de Turckheim 1998 de Zind-Humbrecht, Savennières « Clos de la Coulée du serrant » 1997 de Nicolas Joly et Anjou Coteau du Houet 2000 de Mark Angéli
Le Riesling a des notes de fruits exotiques (papaye et mangue), de citrus (cédrat) de sève de pin et de bonbon anglais. Il est vif, complexe, minéral, long et sur la tension … un vrai bonheur. Excellent.
La coulée de Serrant est typé vin jaune (noix, curry), limite alcool à brûler. Moyen
Quant à l’Anjou, il a une robe caramel et des notes d’orange confite qui fait penser à un très vieux vin. Moyen

Nous ne dérogeons pas à la tradition qui veut que le fromage (saint Nectaire et chèvre affiné) soit accompagné d’un vin rouge : Moulin à Vent 2007 de Christophe Pacalet qui a été offert par le vigneron (himself) qui était présent au restaurant.
Un panier de fruits rouges (groseille, framboise …) et de fleurs de sureau explose dans le verre. Il a une belle fraîcheur et du gras qui permet de bien s’accorder avec le saint Nectaire (parfaitement affiné). C’est un vin gourmand, de plaisir et de bonne facture.

Pour finir, Baba au Rhum, chantilly, quenelle de chocolat Guajana, sauce safran et deux petites douceurs : Riesling Kanzlerberg VT 1989 du Domaine Spielmann et Coteaux du Layon Beaulieu « les Rouannières » 1990 du Château Pierre Bises
Le riesling est encore très fruité avec des notes de poire pochée, d’abricot, de pêche, d’agrumes, et se termine une fraîcheur légèrement mentholée. Très complexe, il a encore beaucoup de tenue pour son âge. Il manque cependant de sucre pour répondre au baba. Très Bien.
Le Layon part sur des notes jasminées, de dragée, de chantilly et de sucre cuit avec un équilibre sucre / acidité. C’est un beau vin qui s’accorde mieux avec le baba et qui laisse une bouche assez fraîche.


Conclusion du match :
Sur les vins jeunes et secs, il est assez difficile de déterminer qui est qui. Il me semble que c’est plus les terroirs qui parlent que les cépages.
Par contre avec un peu d’âge ou des sucres résiduels les caractéristiques des cépages ressortent plus.
Gwenola

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