Bienvenue

Bienvenue à toi, aventureux surfeur, qui vient s'échouer en quête de sens gustatif. Ici tu trouveras des récits d'agapes, des notes de dégustations bacchiques et des adresses prometteuses compilées avec amour.

vendredi 26 octobre 2007

Coquillages et bons amis

Il est des soirées qui sont inoubliables. Une fois n’est pas coutume, au lieu d’adapter le menu aux vins, le menu était imposé et chacun devait apporter la bouteille qui, selon lui, était la mieux adaptée à la situation.

Prenez donc quelques amis amateurs de fruits de mer et de vins, réunissez-les à la maison et cela donne ceci :

Démarrons avec les zakouskis : cubes de saumon fumé au sésame, thé vert et nori avec un Champagne Bollinger RD 1985 (dégorgement en octobre 1998). Au nez des notes d’évolution de noix et de rancio en équilibre avec les notes d’agrumes dont le pamplemousse. En bouche mêmes notes aromatiques d’un champagne évolué avec une belle structure acide qui lui apporte de la fraîcheur et de la longueur.

Nous attaquons le plateau (huîtres bretonnes, huîtres normandes, bulots, bigorneaux, clams, couteaux, moules, bouquets, crevettes grises, tourteaux) avec « l’accord parfait » à savoir le Muscadet « Expression de Granit » 2005 du Domaine de l’Ecu : un beau fruité groseille à maquereau, raisin italien frais et pamplemousse ; en bouche il est vif et possède une belle longueur. Il exprime bien son terroir, on sent le raisin cueilli à maturité … un bien beau muscadet.

Nous poursuivons par une série bourguignonne, tout d’abord nous allons à Chablis avec un Chablis 1er cru Mont de Milieu 2005 de William Fèvre. Un nez de pamplemousse, de raisin frais et de pêche. En bouche, il a une belle fraîcheur encore bien jeune, mais bien prometteur. Le deuxième Chablis est un Grand cru Les Blanchots 1985 du domaine Laroche. Un très beau nez complexe avec un fruité légèrement toasté, une légère note beurrée qui enrobe le tout ; mais ce qui marque le plus, c’est sa belle fraîcheur malgré son age. En bouche les notes d’évolution sont plus marquées, néanmoins, il garde beaucoup de jeunesse.

A tout seigneur, tout honneur, Chevalier-Montrachet 2000 du Domaine Leflaive et son petit frère le 2001. Au nez, le 2000 paraît plus complexe, mais le 2001 est selon mon voisin « plus Chevalier ». En bouche, c’est l’explosion, des notes d’agrumes (essentiellement citron), de pêche, un boisé bien maîtrisé, un léger beurré qui arrondit le tout sans l’alourdir. Le 2001 est plus long que le 2000 et a une finale plus intéressante mais il reste moins complexe. J’ai beaucoup apprécié les 2 Chevaliers avec le tourteau.

Nous continuons par un petit détour dans la région bordelaise avec un Haut-Brion blanc 1983. Le nez est assez fermé, minéral et légèrement pétrolé. L’acidité est marquée en bouche, mais il est profond et complexe. Nous nous attendions à ce qu’il « sauvignonne » avec l’age, mais il n’en est rien. Ce vin fut assez difficile à décrire et assez déconcertant après les Chevaliers. Je l’ai particulièrement aimé avec une huître nature.

Et l’Alsace me diriez-vous ? Nous y arrivons avec un Riesling Cuvée Frédéric Emile 1968 de Trimbach. Immenssissime, grandiose, extraordinaire, que dis-je, fabuleux, ahurissant …. Les mots me manquant pour le décrire, je laisse la parole à l’un des convives : « A l'ouverture, nez immense sur la truffe, les fruits jaunes, fragrances épicées, effluves de mangue, pralin, ça se bouscule dans le verre... à chaque coup de nez c'est un nouvel univers qui s'ouvre à nous. On hume avec un plaisir immense des senteurs délicieuses d'abricot, de bergamote qui n'en finissent pas, qui n'en finissent pas de ne pas en finir... A la première gorgée, je suis surpris par une impression de sucrosité sur l'attaque qui est sans doute plus une forte maturité de raisin et peut être une pointe de botrytis que d'éventuels "résiduels"... ce qui me frappe surtout, c'est que le fruit est là, bien là même, il n'est pas mort, il est même plus que jamais d'actualité... L'attaque est massive, le vin possède une grande présence en bouche, il "prend de la place", il dure, son acidité parfaite le tient debout, et lui permet de jouer les jeunes premiers. Inutile de dire qu'il ne fait pas son âge, ce serait presque l'insulter... Le nectar finit sur des amers nobles c'est à dire agréables, rafraichissants, la complexité de bouche est là, le vrai minéral pointe le bout de son nez, mais c'est un nez de Cyrano... une véritable essence de terroir(s) je vous dis... » Après une telle description que puis-je dire de plus ?

Nous sommes arrivés au bout du plateau et passons aux douceurs : tarte fine aux pommes, macarons et chocolats de Sadaharu Aoki. Promenade en Italie du Nord et plus précisément dans la région du Lac de Garde avec un vin de table doux « Sol Doré » de l’Azienda Agricola Provenza de Walter Contato (non millésimé, acheté en 2003 chez un caviste de Sirmione, à la pointe Sud du lac). Un nez très riche de pomme cuite (cela tombait bien), en bouche des notes de pomme au four, de miel, de quatre-épices, de tabac et légèrement « eau de vie ». Malgré sa sucrosité marquée, il n’est pas lourd et laisse une bouche relativement fraîche.

Retour en France avec un Rivesaltes cuvée Marcel Girves 1947 du Domaine Sainte Croix. Des notes assez étonnantes de vin de noix, de tabac et de pruneaux (« un vin d’Agen » comme disait E.). En bouche c’est l’explosion : noix, pruneaux, confiture de mûre, benjoin et très vieux vinaigre balsamique. Il a en plus une très belle structure acide qui lui apporte une belle finale fraîche.

Une super soirée comme on en passerait plus souvent.

Gwenola

jeudi 25 octobre 2007

Littérature « chick Litt » pour le vin


Dans la série les femmes sont des blondes sans cervelle à la pointe de la mode en Lagerfeld (c’est un styliste) et Manolo Blahnik (ce sont des chaussures), j’appelle le bouquin « Tout ce que les femmes ont toujours voulu savoir sur le vin sans jamais oser le demander »

C’est… comment dirai-je … A.F.F.L.I.G.E.A.N.T !

J’ai appris, pêle-mêle :
- qu’il existait 3 types de Bordeaux dont le bas de gamme et le haut de gamme (pauvre ignorante que je suis),
- qu’il faut oser pousser la porte d’un caviste pour poser des questions (m... alors !)
- que pour un premier rendez-vous amoureux et uniquement si j’ai gagné au loto (j’insiste), je dois servir au Monsieur un … Saint Amour (pour accompagner quoi ? Mystère !?!)
- que lorsque mes amis viennent à la maison, un cubi fera l’affaire (qui veut venir ? Personne ? pauvre de moi !)
- pour accompagner des huitres, un muscadet est très bien, mais pour les personnes qui aiment plus de douceur, un coteau du Layon fera l’affaire (des amateurs ?)
- et que surtout pour impressionner jolie-maman je dois lui servir impérativement un champagne rosé (ben oui, elle est aussi crétine que moi).

Je pense donc que les femmes (espèce dont je fais partie) peuvent prendre les livres généralistes sur le vin pour en apprendre un peu plus sur le sujet.


Gwenola

Si je peux apporter mon grain de sel masculin... Ayant moi aussi subi la lecture de cet ouvrage, je pense qu'il s'adresse principalement aux urbaines lectrices de "Elle". J'ose seulement espérer qu'elles le liront au second degré, à l'image des écrits d'Alix Girod de l'Ain...
Je ne peux que leur conseiller d'aller ensuite consulter d'autres ouvrages de référence bien mieux documentés comme ceux de Pierre Casamayor, Philippe Faure-Brac, Eric Beaumard, Hugh Johnson, Emile Peynaud...

François

lundi 15 octobre 2007

Domaine de Vincent Carême (Vouvray

Hier soir, en présence du vigneron et de Bernard Burtchy, j’ai découvert le Domaine de Vincent Carême.
Le Domaine créé en 1999 comporte maintenant 16 hectares sur Vouvray. Il a constitué son domaine petit à petit en louant ou rachetant des parcelles.

Entrée en matière par les bulles :
Brut non dosé 2005 : Après un vieillissement de 12 mois sur latte, les bouteilles sont dégorgées sans ajout de liqueur. Cela donne un nez très fin d’agrume, de pomme (granny smith) légèrement levuré. En bouche, il y a un beau floral (rose/gardénia) et des notes de pamplemousse et de raisin frais. La bulle est très fine vers le perlant. Impression générale : vin élégant et subtil avec des notes aromatiques assez étonnantes.
Mon premier coup de cœur de la soirée Cuvée ancestrale 2005 (issue de vieilles vignes – 12 mois sur latte). Méthode de vinification : fermentation stoppée par le froid pour garder du sucre naturel, le vin est ensuite filtré puis ensemencé avec des levures champenoises avant la mise en bouteille pour la prise en mousse.
Le nez est assez fermé, certainement à cause du froid. Je ne perçois que des notes de jus de citron. En bouche, je ressens d’abord le sucre du dosage, puis des notes de citron et de coing frais. La bulle est fine. Impression générale : ce vin a une belle fraîcheur et une belle longueur en bouche. Il est plus rustique que le précédent mais a plus de profondeur.

Cuvée ancestrale 2004 (18 mois sur latte) Le nez est plus citronné et minéral (silex). En bouche le dosage n’est pas marqué, il a une acidité plus marquée que le précédent avec des arômes d’agrumes (citron / pamplemousse) et une pointe de fleur d’oranger. Impression générale : ce vin laisse une moins bonne impression que le 2005, certainement à cause de l’ordre de service.

Vincent nous explique, qu’il laisse s’exprimer le millésime. Pour lui, le plus gros du travail se passe dans les vignes qu’il travaille en bio et intervient le moins possible dans la cuverie.

Les vins tranquilles :
Vouvray Sec 2000 issu du terroir « les Perruches » (argile et silex) – 20% de fûts neufs. Dans le verre, le vin nappe bien les parois. Au nez, nous avons des notes de pêche, d’écorce d’orange et de vanillé toasté. Cela me fait penser à un Chardonnay, mais il s’agit bien de chenin. En bouche le boisé est marqué, il a une belle acidité saline mais manque de complexité et de matière. Impression générale : premier millésime du vigneron avec des vignes qu’il loue et qu’il n’a pas pu travailler comme il le désirait. Malgré son manque de complexité, il reste un vin plus qu’honorable.
Vouvray Sec 2002 issu du terroir « Perruches » plus argileux que le précédent. 12g/l de sucre résiduel. On gagne en complexité avec des notes de pêche légèrement caramélisée et une belle minéralité. En bouche, ses notes aromatiques sont typiques du chenin, beaucoup de fraîcheur, une belle acidité et le sucre résiduel arrondit le tout sans le marquer en sucrosité. Impression générale : un bien joli vin où l’on sent la progression du vigneron.
Vouvray sec « Le Clos » 2004 – Terroir des Aubuis (calcaire/tuffeaux). Un nez de sucre cuit et d’eucalyptus. En bouche, des notes de pomme, de sucre cuit et un fond mentholé qui apporte de la fraîcheur. Impression générale : c’est un vin qui manque de droiture mais, là encore, il s’agit de sa première cuvée après le rachat de ce clos. C’est néanmoins un vin assez agréable.
Vouvray Sec 2006 (élevage de 8 mois). Premier nez : Wahou ! Que c’est beau. Des notes de pamplemousse, de coing et un peu mentholé. En bouche c’est la révélation : une belle minéralité et de l’acidité saline, mais également de l’onctuosité. Un arôme très complexe d’agrumes, de pêche et de rose. Impression générale : SUPERBE !
Vouvray demi-sec « Peu Morier » 2005 (sur le terroir des perruches) – 35g/l de sucre résiduel. Un nez un peu crayeux au départ, puis de coing, de sucre cuit et légèrement toasté. Un nez complexe sans être exubérant. En bouche l’attaque est souple et un bel équilibre entre la sucrosité et l’acidité saline.
Vouvray demi-sec « Le Clos » 2005 (cette année là, il n’y a pas eu de sec avec cette parcelle). Un nez franc, droit et riche (notes de pêche, de rose et de sucre cuit). Une très belle expression de terroir, rond, droit, onctueux et une belle acidité qui laisse beaucoup de fraîcheur en bouche. Impression générale : Une belle progression par rapport au 2004, on sent le travail que le vigneron a effectué dans ses vignes. Chapeau !
Vouvray moelleux 2005 – raisins passerillés et botrytisés. Nez de confiture de pêche et de pamplemousse. En bouche des notes de pâte de coing, de pêche rôtie, raisin sec (Malaga) et un fond floral/vanillé. Il y a une belle acidité qui équilibre très bien ce vin.
Vouvray moelleux 2003 (sol Bournais-perrucheux : argile). On gagne en complexité, les notes aromatiques vont vers le fruit de la passion et la mangue. En bouche il y a une belle longueur, il est « chaud » sans être pâteux. Impression générale : très beau, bel équilibre.
Premier Trie 2005 (dans les perruches) – 120g/l de sucre résiduel. Premier vin à être vraiment coloré : or / jaune paille. Rien qu’au nez, mon cœur bat plus vite, c’est du grand. Très complexe sur les fruits exotiques avec une pointe de truffe blanche (développement du botrytis sur les raisins passerillés). Très onctueux, suave, mais laisse une bouche fraîche et non pâteuse … la messe serait-elle dite ?
Premier Trie 2003 – beaucoup de passerillage – 140g/l de sucre résiduel. Moins complexe que le précédent mais avec une note de mandarine confite que je trouve intéressante. C’est un très beau liquoreux.

Ce domaine tout jeune est très prometteur. Il y a une belle progression en 6 ans et ses vins actuels sont déjà bien beaux. En plus Vincent Carême est très sympathique et j’ai beaucoup aimé discuter avec lui.
Gwenola